Crédit: PeopleImages

Le détournement d'argent au Tchad

Depuis quelques jours l’opinion public tchadien est secoué par une affaire de détournement de fond public. Il s’agit d’une enquête de l’agence nationale de sécurité (ANS) qui a tout dévoilé. L’investigation fait état de détournement des dizaines de milliards au sein de la société des hydrocarbures du Tchad (SHT).

La nouvelle affaire défraie la chronique. Elle est dans toute les bouches allant des réseaux sociaux, aux discussions dans les carrefours, jusqu’aux transports en commun. Laissant tout le monde perplexe face à cette forfaiture à ciel ouvert.

Quand les vieilles habitudes refont surface

En effet, cette affaire de SHT n’est ni la première ni la dernière au Tchad. Car il faut dire que dans ce pays la culture de détournement de deniers public ne date pas d’hier. C’est une vieille tradition. Comme on pouvait s’y attendre, les vieilles habitudes qu’on pensait délaisser avec la transition, ressurgissent.

Ainsi, des hauts dignitaires du pays parmi lesquels un secrétaire particulier du Président de la transition, et un haut cadre d’une banque de la place, se retrouvent impliquer dans un scandale de vol. Une rapine d’un haut niveau. Tellement que cette énième affaire parait grandiose, même le gouvernement semble perdu.   

Et le service après-vente ?

Comme à l’accoutumé dès qu’il y’a une affaire de détournement, des bruits se font entendre dans la sphère publique.  S’ensuivent des vagues d’arrestations médiatisés parfois digne d’un film de Hollywood et ensuite le remplacement de ces présumés voleurs par d’autres. Tel est le cas avec les responsables de la société de l’hydrocarbure en ce moment. Et quelque temps après : silence radio, la cour est balayée, passons à autre chose.

On a vue ici et là des ministres et directeurs généraux accusés de vols de bien publics, qui ont fini par écoper une peine de quelques séjours en prison. Et au lendemain de leur emprisonnement, leurs affaires ont été classées sans suite. Il suffit de prendre pour exemple Saleh Deby, l’ancien directeur général de douane et par ailleurs frère cadet du défunt Marechal Idriss Deby ; Djerassem Le Bemadjiel l’actuel ministre de pétrole, ou encore Haroun Kabadi l’ancien président de l’Assemblée nationale et actuel président du conseil national de transition, sans oublié Mahamat zene Bada ancien maire de N’Djamèna et ancien secrétaire général du mouvement patriotique du salut (MPS).  

Et face à cette impunité constante, la situation ne fait qu’empirer. Ouvrant la porte du détournement à tout le monde.

Et les Tchadiens dans tout ça

Toutefois en parlant de ce phénomène de détournement de biens publics, les Tchadiens ont une part de responsabilité. Il faut en tenir compte. Au-delà de paraître victimes de leurs biens dilapidés et volés, ils cautionnent ce phénomène pour la plupart.

Autrement dit, la société tchadienne semble appréciative devant les multiples scandales de détournements. Il se raconte très souvent que dans certaines familles, au lendemain d’un décret ou nomination d’un proche dans le gouvernement, on se retrouve en groupe pour féliciter le désormais nommé, et profiter de l’occasion pour lui prodiguer quelques conseils.

Et tenez-vous bien des conseils du genre « Fakir bakan da ma dayim lek ; wa sawilek moustakhbal wa ma tensa ahlak » Ce qui peut être traduit littéralement de l’arabe tchadien : « Fais attention, le poste ne pas garant pour toi (ndlr :  le poste n’est pas à toi, tu peux bien partir du jour au lendemain) ; de surcroit fais-toi un avenir et n’oublie pas tes proches ». De toute évidence, voilà des bons conseils qui font l’apologie à l’enrichissement illicite et facile. De vous à moi entre l’individu et la société, lequel est coupable ?

En attendant que la transparence surgisse dans cette affaire, j’ai lu cet article il y a quelques jours dans les médias comme celui-là.

Partagez

Auteur·e

mahmoudsabir

Commentaires

Saddam
Répondre

Une analyse pertinente qui relate le vol à ciel ouvert des fonds publics au Tchad. Ce qui est paradoxal dans cette affaire, est que la majorité de la population se plaigne de ces détournements qui n'en finissent jamais et de l'autre côté son près à prodiguer des conseils dès qu'un de leur est nommé quelque part, " tu dois en profiter au maximum et n'oublie pas tes proches ".