Crédit: Wikipedia Commons CC BY-SA 4.0 Moussa Tahir

Silence, on meurt en route !

Le Tchad est un pays qui connaît une croissance démographique considérable ce dernier temps. Malheureusement, cette croissance est accompagnée par de nombreux maux au quotidien. Outre les maladies, la pauvreté, la malnutrition et les inondations, il y a aussi une augmentation des accidents de la route. Chaque année, des dizaines voire des centaines de personnes meurent ou se blessent dans des accidents de la route.

Il ne se passe pas un mois sans qu’on apprenne une nouvelle collision entre deux véhicules de voyage. La dernière en date est survenue il y a trois semaines. Comme vous le savez, qui dit accident, dit dégâts et pertes. Les conséquences sur les victimes sont énormes avec de blessures graves, voire mortelles. Et Les familles des victimes également se retrouvent parfois dans l’impasse, sans ressources et sans soutien.

Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?

À chaque fois que j’apprends une nouvelle d’accident, ma douleur est immense. Puis je m’interroge sans cesse sur les causes de ces innombrables calamités qui se répandent sur nos routes. Sans jamais vraiment trouver une réponse satisfaisante. J’ai encore les séquelles du récent accident sur le tronçon Oumadjer-Abéché. Toujours les mêmes accidents tragiques et les mêmes peines des familles endeuillées.

Toutefois, avec un peu de recul, j’ai pu analyser et réunir quelques éléments pour cet article de blog. D’abord, ces fléaux routiers sont la résultante d’un incivisme accru et d’une défaillance de l’Etat. En effet, les nombreux accidents de la route au Tchad sont causés par le manque de respect des codes et règles de la circulation. Ajoutons à cela la conduite en état d’ivresse et l’excès de vitesse. Le mauvais état des routes et le manque de formation des chauffeurs. De plus, les conducteurs sont souvent peu conscients des dangers de la route.

Pour la petite anecdote, au Tchad, bon nombre de personnes conductrices ne sont pas passées par une auto-école de formation. En gros, il suffit de quelques séances d’entraînement avec la voiture d’un proche ou les véhicules de location. Puis un permis de conduire, pour devenir un chauffeur digne de ce nom avec des passagers à bord. Et en ce qui concerne les risques ou les dangers, ce n’est pas grave, Dieu nous protège.  

Et l’État dans tout ça ?

Pour tout dire, les accidents de la route ne sont pas une préoccupation majeure pour les autorités tchadiennes, qui sont plus occupées par la graduation au sein de l’armée. Au même moment, c’est l’occasion pour moi de vous donner quelques échos de notre gouvernement.

En effet, l’élite dirigeante tchadienne ne sait que s’empresser et se bousculer quand il y a accident pour employer le gros français dans les communiqués. Par la suite, nous aurons droit à des discours pléthoriques devant la presse, accompagnés de quelques gestes aux survivants alités avec les scénarios qui vont avec. Ce qui créa aussi tout de suite une récupération politique.

Enfin après tout le blablabla en langue de Molière, on dira aux morts paix à leurs âmes et prompt rétablissement aux blessés. Puis plus rien après ça, si ce n’est que des décisions prises à la hâte. Qui seront mises en vigueur seulement pour les prochaines 24 heures. Ensuite, quelques semaines plus tard, on passe à autre sujet. Bref, l’espoir des victimes aurait duré le temps de cigaretter. 

Pour terminer, les accidents de la route sont des dangers qui endeuillent chaque temps des familles dans mon pays. Les autorités doivent se réveiller de leur sommeil interminable, et prendre des mesures drastiques afin de réduire le nombre d’accidents et sauver des vies. Ils doivent également s’assurer que les victimes reçoivent le soutien et l’aide dont elles ont besoin. Ces drames ont trop duré, nous avons trop pleuré les nôtres, nous avons trop écouté les discours devant les caméras. Il est temps de passer à l’action et de sauver les Tchadiens.

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Auteur·e

mahmoudsabir

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