À N’Djaména, la capitale tchadienne, ouvrir un établissement d’enseignement primaire, secondaire ou supérieur est devenu banal, tout comme se procurer une boutique dans le coin du quartier. La ville est saturée par des écoles n’ayant pas d’infrastructures et de formations de qualité. Complexe scolaire bilingue Untel, lycée moderne bilingue Untel… avec de lourds slogans… même les noms semblent insuffisants. Et les publicités vantant ces derniers, n’en parlons pas !
Hommes d’affaires, commerçants, ou encore militaires peuvent, au regard de leur fortune, décider d’ouvrir une école privée dans un coin de la ville. Au début on assimilait cette hausse à l’importance qu’accordent les N’Djaménois à l’éducation, mais on s’est rendu compte plus tard que c’était juste du commerce avec d’innombrables conséquences.
Parlant des normes, ces écoles ne répondent carrément pas aux critères qu’il faut pour qu’une école voie le jour. Premièrement, une insuffisance ou une inexistence d’infrastructures de qualité. C’est pour dire que ces établissements sont construits sur de petites parcelles, où même les salles de classes font parfois 4 mètres carrés. Deuxièmement, certains sont situés près de bars, près de marchés… ce qui permet aux élèves de se balader aux heures de cours. Beaucoup de propriétaires d’écoles ne voient que ce que ça peut leur rapporter, et ne se soucient guère de l’avenir des enfants d’autrui. Bref, un environnement bien peu propice à l’apprentisasage.
Une absence totale d’enseignants permanents
Je ne peux dire ici qu’il n’y existe pas d’enseignants, mais seulement des enseignants irréguliers. Ces enseignants sont pour la plupart des fonctionnaires d’État et interviennent dans plusieurs écoles privées et viennent rarement à l’heure. Je me suis demandé comment se fait-il qu’un enseignant s’absente ou même vienne en retard ? Que pensera l’élève s’il voit son père éducateur ne pas respecter les règles ?
Je me rappelle d’un enseignant de mathématiques en classe de première, c’était un absentéiste et un grand retardataire. On s’est rendu compte plus tard, qu’il enseignait dans plusieurs autres établissements et était même fondateur d’une complexe éducatif.
Des enseignants intégrés et affectés en province, mais qui refusent d’y aller à cause de leur préférence pour les interventions dans les différentes écoles de la capitale. Ce qui malheureusement fragilise l’enseignement dans le secteur public et les provinces. En plus ce qui est marrant, c’est qu’ils reçoivent régulièrement leurs salaires de la part de l’État. Quelle malhonnêteté !
En outre, il y a aussi des enseignants recrutés parmi lesquels certains n’ont aucune pédagogie d’enseignement. Pour ne pas faire de généralisation, un nombre important d’entre eux sont des étudiants au chômage reconvertis en enseignants. Quand le chômage nous tient !
Quand la hausse des écoles contribue à une baisse de niveau
L’une des conséquences majeures de ce phénomène reste la baisse de niveau. Vue les nombre accrus des écoles privées, les élèves peuvent changer d’école, chaque année, d’où le passage en classes supérieures d’élèves n’ayant parfois même pas le niveau. Ces fondateurs d’établissements scolaires pour la plupart, ne sont pas du domaine et la formation des élèves ne leur dit absolument rien, car pour eux, le souci majeur reste l’argent qu’ils encaissent. Au vu et au su du gouvernement, ce désordre continue au sein des établissements d’enseignements.
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